jeudi 8 avril 2010

ALTERNANCE 2000 : deux leçons majeures pour 2012


Lorsqu’après les élections législatives de juin 1998, And-Jëf/PADS a analysé les résultats pour prendre la décision historique de proposer à Me Abdoulaye Wade d’être le candidat commun de l’opposition en février 2000, notre parti voulait surtout éviter à notre pays une crise politique grave après celles consécutives aux élections présidentielles de 1988 et 1993.
Nous pensions alors que, malgré nos différences de perception et nos divergences sur bien des questions, il serait possible de travailler ensemble et de réaliser un programme minimum de remise en état de notre pays et de son économie. C’est sur cette base que notre parti a entrepris de convaincre ceux qui allaient constituer avec nous le pôle de gauche et plus tard la CA 2000.
Après la mise en ballotage du Président Abdou Diouf au premier tour, Moustapha Niasse leader de l’AFP viendra constituer, avec la CA 2000, le FAL qui allait assurer la victoire historique de Me Wade au second tour sur son adversaire. Jamais victoire électorale ne fut aussi belle au Sénégal et tous les espoirs semblaient permis.
Me Abdoulaye Wade avait tenté de nous rassurer en affirmant qu’il se contenterait d’un seul mandat de transition pour assurer la transmission du pouvoir aux plus jeunes générations.
Malgré notre scepticisme, nous espérions que l’âge et la lucidité politique de l’homme l’aideraient, peut-être, à tenir ces engagements. Comme nous l’avons tous constaté, il n’en fut rien. Après son élection, les programmes retenus par le FAL et basés sur les accords de la CA 2000 furent gravement édulcorés avec l’indulgence et l’accord des partis alliés dont AJ/PADS.
Au moment de la constitution du premier gouvernement, les partis initiateurs du soutien à Wade (AJ/PADS, PIT, LD/MPT) négocièrent individuellement leur participation, fragilisant ainsi le bloc qu’ils ont constitué. Par la suite, utilisant cette attitude, Me Wade réussissait à diviser ses alliés de la coalition en privilégiant les relations bilatérales avec chacun d’eux plutôt qu’un dialogue pluri-partisan plus contraignant réussissant ainsi à les diviser et à se défaire d’eux, l’un après l’autre, sur divers prétextes.
La nouvelle constitution ne mit pas en place un régime parlementaire. Elle maintint pour l’essentiel le régime présidentiel. Le PIT eut raison de s’en démarquer.
Seul And-Jëf/PADS réussit au prix de concessions nombreuses et malgré diverses crises dans ses relations avec le président Wade à rester dans la coalition présidentielle pour respecter l’engagement pris devant nos compatriotes de rester à ses côtés pendant toute la durée du mandat présidentiel pour défendre les intérêts des populations dans un régime que nous avons pris, volontairement, la responsabilité de contribuer à installer à la tête du pays.
Ce furent sept années inédites d’expérience gouvernementale instructive à bien des égards mais que de couleuvres avalées ! Quant nous rappelâmes au président, en 2005, que le parti avait décidé depuis 1998 de ne pas soutenir sa candidature éventuelle pour 2007, les relations se dégradèrent entre lui et notre parti dans lequel il travailla à installer et à soutenir un groupe fractionniste.
La suite du complot ourdi dès cette époque, on la connait aujourd’hui. L’exclusion du groupe liquidateur en février 2009 a représenté pour le parti un grand combat qu’il fallait remporter pour ne pas périr. Heureusement le complot présidentiel a échoué lamentablement. Après des mois de lutte, le congrès de décembre 2009 allait consacrer la victoire et la pérennité de notre parti qui allait rejoindre le camp de l’opposition sénégalaise afin d’y poursuivre son combat de toujours pour la démocratie politique et le développement économique et social de notre pays.
Aux côtés de la gauche historique, (PIT, LD, RTAS, YAW et tout le pôle de gauche de 2000), des courants socialistes Senghorien (PS, AFP…) avec l’APR née des flancs du PDS, notre parti travaille avec l’ensemble des forces politiques et sociales membres de Benno Siggil Senegal et les parties prenantes aux Assises Nationales à écrire une nouvelle page de l’histoire politique de notre pays par la bataille pour une nouvelle alternance à la tête de notre pays.
Le Président Wade d’abord confiant dans sa popularité après sa victoire de février 2007 sait depuis la débâcle des élections locales du 22 mars 2009, que les temps ont changé et que l’heure de l’impopularité est venue. Cependant avec sa légendaire pugnacité, il continue de se battre pour imposer sa vision et son projet de dévolution monarchique du pouvoir à notre pays et à notre peuple.
L’opposition, elle, a cristallisé son énergie sur les problèmes du moment à savoir les modalités les meilleures pour battre Wade ou son candidat en 2012. Mais d’ores et déjà se pose la question du régime futur. Comment faire en sorte que le Président qui sera élu, tienne ses engagements et réalise enfin les réformes que les Assises Nationales et Benno Siggil Senegal ont promises aux sénégalais et aux sénégalaises ? Il faut d’abord que BSS exige de tous ses membres l’adoption formelle des conclusions des Assises Nationales comme programme minimum. Mais il faut surtout prendre les deux mesures essentielles suivantes :
1) Adoption et publication avant les élections d’un accord politique électoral, un programme de gouvernement et une constitution instaurant un régime parlementaire que tous les candidats et chefs de parti devront s’engager solennellement et publiquement à mettre en œuvre en cas de victoire.
2) Adoption d’une Charte de la coalition électorale assurant une coopération étroite et loyale des parties prenantes de l’alliance qui, au premier ou deuxième tour, portera le candidat commun au pouvoir pour éviter le piège de « diviser pour régner » qui a si bien réussi à Me Abdoulaye Wade.
Ces deux leçons fondamentales, l’opposition actuelle ne devra pas les oublier si elle veut être à la hauteur de la mission historique que le futur proche va lui confier, Inch Allah. Telle est, en tout cas, ma conviction profonde.

Landing Savané Secrétaire Général An-Jëf/PADS
Dakar, Avril 2010

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