Au cours des cinquante dernières années, la quasi-totalité des pays du continent africain a pu accéder à l’indépendance et l’apartheid a été éliminé d’Afrique du Sud en 1991. Malgré cela, il faut reconnaitre que les progrès réalisés en Afrique, singulièrement en Afrique Noire, restent en deçà des attentes des peuples africains.
En dépit d’avancées démocratiques encore fragiles, l’accès des populations aux ressources reste limité et la pauvreté ne cesse de s’étendre contraignant des millions de jeunes africains à vivre dans des conditions très difficiles ou à émigrer privant ainsi le continent de leur savoir-faire. Or la population africaine ne cesse d’augmenter. En l’an 2000, elle dépassait déjà, avec 812 millions d’habitants (soit 13,4% de la population mondiale), celle de l’Europe (728 millions d’habitants). Depuis 2009, elle a dépassé le milliard. En 2050, l’Afrique pourrait compter 1, 937 milliards d’habitants soit près de 3 fois la population de l’Europe et 21,3 % de la population mondiale. Elle sera alors plus peuplée que l’Inde (1,593 milliards), et que la Chine (1,392 milliards).
La région, aujourd’hui la moins développée de la planète, deviendrait celle la plus peuplée du globe ce qui provoquerait de graves tensions si des solutions ne sont pas trouvées aux problèmes du sous développement du continent. Ajoutons à cela que depuis 2008, la majorité de la population mondiale vit dans les villes, pour la première fois, dans l’histoire de l’humanité. En Afrique et en Asie, les taux d’urbanisation devraient passer de 37,1 % en l’an 2000 à 53,5 et 54,5 respectivement en 2030. Cette extension du phénomène urbain au continent africain doit être une réelle préoccupation.
La crise financière qui a frappé les Etats Unis puis l’ensemble de la planète risque de se rallumer avec la crise de l’endettement allumée par la Grèce en Europe. La fragilité de l’économie mondiale n’a jamais été aussi évidente.
C’est vrai que l’Afrique largement à l’écart des grands flux financiers mondiaux, a globalement moins souffert de ces crises mais il faut noter l’impact négatif de la réduction des flux financiers venant des émigrés sur le niveau de vie des populations des zones de départ de même que la réduction de l’aide au développement.
Dans la morosité de la crise économique et financière internationale, l’Afrique dispose d’atouts considérables qui pourraient lui permettre de s’en sortir. Elle regorge de matières premières (30 % de ressources minérales de la planète) telles le coltan (80 % des réserves), le platine (90 %), le diamant (50 %), l’or (40 %), sans parler du pétrole, du gaz, du fer, du cuivre, de la bauxite et des phosphates qui sont abondants sur le continent et attisent toutes les convoitises.
Aujourd’hui, se basant sur l’expérience négative qu’elle a vécue depuis la conférence de Berlin (1885-1886), l’intérêt de l’Afrique n’est pas dans le bradage de ses ressources si précieuses, mais plutôt dans leur mise en valeur dans le cadre de stratégies de développement conçues d’abord pour le bien être des populations africaines.
La vigilance s’impose d’autant plus que l’appétit des partenaires de l’Afrique ne se limite plus aux seules matières premières. Les terres africaines et l’agriculture sont de plus en plus ciblées pour le développement de plantes génératrices d’énergie « verte » qui tendent à s’installer sur les terres les plus fertiles au détriment des cultures vivrières et l’introduction des organismes génétiquement modifiés (OGM) qui suscitent de vives controverses en Occident. La nouvelle ruée des pays émergents (Chine, Inde, Brésil notamment) et des firmes multinationales vers l’Afrique Noire ne doit pas déboucher sur une nouvelle colonisation économique qui serait une grave régression pour le continent.
La jeunesse africaine doit oser engager la bataille pour une « seconde indépendance » qui serait d’abord économique et financière. Les réductions et autres annulations de dettes, les stratégies « dites » de réduction de la pauvreté élaborées par le FMI, la Banque Mondiale et le PNUD ne peuvent que faire faillite à la suite des « programmes d’ajustement structurel » de triste mémoire.
Les règles du commerce mondial prônent, sous le contrôle de l’OMC, une politique d’ouverture de nos marchés qui est suicidaire pour nos pays. De même les privatisations et autres mesures de discipline budgétaire ne font que fragiliser toujours plus les gouvernements. Or ceux-ci doivent être la locomotive du développement économique et social de leurs pays et tourner définitivement le dos au viol répété des normes démocratiques qui leur ôte toute légitimité.
En Afrique les jeunes de moins de 15 ans représentent généralement 40 à 50 % de la population. Ils sont saisis par une vive inquiétude sur leur avenir. Le chômage et le sous emploi sont endémiques et les efforts réalisés pour leur scolarisation et leur formation sont insuffisants. Les écoles professionnelles restent souvent inadaptées et le secteur primaire (agriculture, élevage, pêche, artisanat rural) est négligé par les pouvoirs publics et souffre de sa faible compétitivité. Tels sont les grands défis qu’il faut relever pour préparer à la jeunesse des lendemains meilleurs.
C’est pourquoi outre les partis politiques et les syndicats, les organisations de la société civile et certains leaders religieux s’érigent en contre-pouvoirs pour redonner l’espoir à la jeunesse. Il est grand temps pour les forces de progrès de définir ensemble des propositions viables capables de rassembler la jeunesse et la nation toute entière autour d’objectifs communs clairs, crédibles et attractifs par de vastes débats sans exclusive.
Ainsi chaque pays africain pourra se doter d’un régime à la hauteur de ses aspirations et l’intégration africaine pourra enfin se concrétiser, sans ingérence de nos partenaires extérieurs et pour le bénéfice exclusif des populations africaines ouvrant ainsi la voie à une seconde et véritable indépendance.
Dakar, le 06 Juin 2010
Landing SAVANE
Secrétaire Général
And-Jëf/PADS
En dépit d’avancées démocratiques encore fragiles, l’accès des populations aux ressources reste limité et la pauvreté ne cesse de s’étendre contraignant des millions de jeunes africains à vivre dans des conditions très difficiles ou à émigrer privant ainsi le continent de leur savoir-faire. Or la population africaine ne cesse d’augmenter. En l’an 2000, elle dépassait déjà, avec 812 millions d’habitants (soit 13,4% de la population mondiale), celle de l’Europe (728 millions d’habitants). Depuis 2009, elle a dépassé le milliard. En 2050, l’Afrique pourrait compter 1, 937 milliards d’habitants soit près de 3 fois la population de l’Europe et 21,3 % de la population mondiale. Elle sera alors plus peuplée que l’Inde (1,593 milliards), et que la Chine (1,392 milliards).
La région, aujourd’hui la moins développée de la planète, deviendrait celle la plus peuplée du globe ce qui provoquerait de graves tensions si des solutions ne sont pas trouvées aux problèmes du sous développement du continent. Ajoutons à cela que depuis 2008, la majorité de la population mondiale vit dans les villes, pour la première fois, dans l’histoire de l’humanité. En Afrique et en Asie, les taux d’urbanisation devraient passer de 37,1 % en l’an 2000 à 53,5 et 54,5 respectivement en 2030. Cette extension du phénomène urbain au continent africain doit être une réelle préoccupation.
La crise financière qui a frappé les Etats Unis puis l’ensemble de la planète risque de se rallumer avec la crise de l’endettement allumée par la Grèce en Europe. La fragilité de l’économie mondiale n’a jamais été aussi évidente.
C’est vrai que l’Afrique largement à l’écart des grands flux financiers mondiaux, a globalement moins souffert de ces crises mais il faut noter l’impact négatif de la réduction des flux financiers venant des émigrés sur le niveau de vie des populations des zones de départ de même que la réduction de l’aide au développement.
Dans la morosité de la crise économique et financière internationale, l’Afrique dispose d’atouts considérables qui pourraient lui permettre de s’en sortir. Elle regorge de matières premières (30 % de ressources minérales de la planète) telles le coltan (80 % des réserves), le platine (90 %), le diamant (50 %), l’or (40 %), sans parler du pétrole, du gaz, du fer, du cuivre, de la bauxite et des phosphates qui sont abondants sur le continent et attisent toutes les convoitises.
Aujourd’hui, se basant sur l’expérience négative qu’elle a vécue depuis la conférence de Berlin (1885-1886), l’intérêt de l’Afrique n’est pas dans le bradage de ses ressources si précieuses, mais plutôt dans leur mise en valeur dans le cadre de stratégies de développement conçues d’abord pour le bien être des populations africaines.
La vigilance s’impose d’autant plus que l’appétit des partenaires de l’Afrique ne se limite plus aux seules matières premières. Les terres africaines et l’agriculture sont de plus en plus ciblées pour le développement de plantes génératrices d’énergie « verte » qui tendent à s’installer sur les terres les plus fertiles au détriment des cultures vivrières et l’introduction des organismes génétiquement modifiés (OGM) qui suscitent de vives controverses en Occident. La nouvelle ruée des pays émergents (Chine, Inde, Brésil notamment) et des firmes multinationales vers l’Afrique Noire ne doit pas déboucher sur une nouvelle colonisation économique qui serait une grave régression pour le continent.
La jeunesse africaine doit oser engager la bataille pour une « seconde indépendance » qui serait d’abord économique et financière. Les réductions et autres annulations de dettes, les stratégies « dites » de réduction de la pauvreté élaborées par le FMI, la Banque Mondiale et le PNUD ne peuvent que faire faillite à la suite des « programmes d’ajustement structurel » de triste mémoire.
Les règles du commerce mondial prônent, sous le contrôle de l’OMC, une politique d’ouverture de nos marchés qui est suicidaire pour nos pays. De même les privatisations et autres mesures de discipline budgétaire ne font que fragiliser toujours plus les gouvernements. Or ceux-ci doivent être la locomotive du développement économique et social de leurs pays et tourner définitivement le dos au viol répété des normes démocratiques qui leur ôte toute légitimité.
En Afrique les jeunes de moins de 15 ans représentent généralement 40 à 50 % de la population. Ils sont saisis par une vive inquiétude sur leur avenir. Le chômage et le sous emploi sont endémiques et les efforts réalisés pour leur scolarisation et leur formation sont insuffisants. Les écoles professionnelles restent souvent inadaptées et le secteur primaire (agriculture, élevage, pêche, artisanat rural) est négligé par les pouvoirs publics et souffre de sa faible compétitivité. Tels sont les grands défis qu’il faut relever pour préparer à la jeunesse des lendemains meilleurs.
C’est pourquoi outre les partis politiques et les syndicats, les organisations de la société civile et certains leaders religieux s’érigent en contre-pouvoirs pour redonner l’espoir à la jeunesse. Il est grand temps pour les forces de progrès de définir ensemble des propositions viables capables de rassembler la jeunesse et la nation toute entière autour d’objectifs communs clairs, crédibles et attractifs par de vastes débats sans exclusive.
Ainsi chaque pays africain pourra se doter d’un régime à la hauteur de ses aspirations et l’intégration africaine pourra enfin se concrétiser, sans ingérence de nos partenaires extérieurs et pour le bénéfice exclusif des populations africaines ouvrant ainsi la voie à une seconde et véritable indépendance.
Dakar, le 06 Juin 2010
Landing SAVANE
Secrétaire Général
And-Jëf/PADS
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