Simple supporter de l’Afrique pour le Mundial 2010 que j’ai suivi avec intérêt, je ne peux m’empêcher d’en tirer quelques leçons qui me paraissent importantes pour nos pays.
D’abord je dois dire que malgré la déception ressentie par les Africains de n’avoir eu qu’une équipe au 2ème tour du Mundial, le parcours des équipes du continent n’aura pas été si mauvais que cela. Sur six équipes africaines en compétition, une seule (le Cameroun, en principe la plus expérimentée) a connu trois défaites.
Deux équipes ont fait un match nul et connu deux défaites. Ce sont le Nigéria et l’Algérie, les trois autres équipes (l’Afrique du Sud, la Côte d’ivoire et le Ghana) ont enregistré une victoire, un match nul et une défaite. La Côte d’ivoire n’a pu aller au 2ème tour du fait de la raclée donnée par le Portugal à la Corée du Nord (7 buts à 0) et l’Afrique du Sud a été éliminée par sa grosse défaite contre l’Uruguay (3 buts à 0).
C’est dire que les qualifications se sont jouées à peu de choses près. L’Afrique aurait pu avoir trois équipes qualifiées sur six pour le deuxième tour si elle avait fait preuve de plus de rigueur et de lucidité. Elle n’en a eu qu’une seule.
La 1ère leçon majeure du premier tour du Mundial, c’est que les équipes africaines ont un énorme problème de mental. Elles ne savent pas terminer un match. Or un match de football dure au moins 90 minutes et jusqu’au coup de sifflet final, toute seconde du match est importante. Les joueurs doivent rester concentrés car la qualification ne tient parfois qu’à un fil. L’objectif commun de l’attaque c’est de marquer des buts et cet objectif doit cristalliser tous les efforts des joueurs tant que le ballon est sur le terrain. Trop d’occasions de buts ont été perdues parce que les attaquants ne suivent pas ensemble le ballon jusqu’à l’ultime conclusion de l’attaque par un but ou une sortie du ballon.
Le football réunit bien sûr des talents individuels mais c’est un sport collectif et c’est ce dernier aspect qui est déterminant alors que trop souvent les africains restent dans une logique de démonstration individuelle stérile. Le football n’est plus un jeu, ni un art. Au niveau de la haute compétition, il est devenu un métier exigeant dans un secteur économique (les sports) en pleine expansion.
Au 2ème tour du Mundial, le Ghana a frôlé l’exploit d’une victoire en quart de finale en ratant un pénalty à la dernière minute des prolongations. Saluons cependant le travail fait par l’équipe de ce pays dont le socle est constitué par de jeunes joueurs talentueux, déterminés et habitués à jouer ensemble puisqu’ils ont gagné la dernière coupe du monde des moins de 20 ans. Si le Ghana arrive à les motiver et à les garder, il a un bel avenir devant lui. C’est dire l’importance de former et d’encadrer les petites catégories. Est-ce un hasard si c’est le pays aujourd’hui le plus stable et le plus démocratique du continent qui a fait le meilleur parcours ? Je ne le pense pas.
L’Allemagne a, aussi, présenté une équipe de jeunes joueurs qui aurait pu aller en finale si elle n’avait été comme envoutée par les super vedettes de l’Espagne en demi-finale. L’Uruguay et le Pays Bas disposaient d’un esprit collectif remarquable qui leur a permis de se hisser dans le dernier carré et d’aller en finale pour le Pays Bas.
La 2ème leçon à tirer de ce Mundial, c’est qu’une équipe performante ne se crée pas en rassemblant, à la dernière minute, des footballeurs célèbres de grandes équipes étrangères. Formation et habitude de jouer ensemble aident à construire des équipes solides dont le socle doit être constitué au maximum de joueurs évoluant dans le pays.
Si l’arbitrage a souvent failli dans ce Mundial, l’Afrique n’en a pas été la principale victime. Il reste que l’utilisation de la vidéo dans des cas précis apparait indispensable, à l’avenir, si la FIFA veut rester crédible. Par contre, les entraineurs étrangers des équipes africaines ont déçu les attentes des pays auxquels ils ont coûté des fortunes alors que, même s’ils sont motivés, ils ne peuvent comprendre, pleinement, certains comportements de nos joueurs et les aider à se surpasser.
La 3ème leçon importante de ce Mundial est relative au choix de l’entraineur. Il est venu le moment de former des entraineurs africains pour la haute compétition et de leur donner leur chance dans nos pays. L’Egypte gagne la Coupe d’Afrique des Nations avec des entraineurs égyptiens. L’Algérie s’est qualifiée avec un entraineur algérien. Il faut envoyer nos entraineurs en formation en Europe et en Amérique latine et leur confier nos équipes à des conditions matérielles et financières décentes.
Une observation finale s’impose : l’Afrique, qui compte 53 pays indépendants, doit réclamer au moins autant de places qu’il y a de groupes en Coupe du Monde (08 en 2010). Elle doit être représentée de façon plus équitable car elle a démontré qu’elle le méritait bien au vu des remarquables progrès enregistrés sur le continent en un demi-siècle seulement d’indépendance.
Le football est né en Angleterre au XIXe siècle. Mais la première Coupe du Monde a été organisée en Uruguay en 1930 et remportée par ce pays. L’organisation du tournoi pour la première fois en Afrique s’est soldée par un franc succès. Elle doit annoncer un tournant que les potentialités du continent et l’importance de sport dans l’économie du futur justifient. L’Afrique pourra, alors, remporter la Coupe du Monde dans les vingt prochaines années.
Landing SAVANE
Dakar, le 24 juillet 2010
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